Le créateur du premier bébé OGM a été condamné en Chine

Source: FSSPX Actualités

L’équipe de scientifiques qui avait annoncé la mise au monde de bébés génétiquement modifiés a été condamnée par un tribunal chinois, dans un pays qui ne dispose pas de lois encadrant l’édition du génome humain. 

He Jiankui a écopé de trois ans de prison le 30 décembre 2019, à l’issue d’un procès qui s’est tenu à huis clos au tribunal de Shenzhen (Chine). Le scientifique avait provoqué un tollé après avoir modifié l’ADN de deux embryons humains dans le but de les immuniser contre le virus du sida dont leur père était infecté.  

Au moins trois bébés ont ainsi vu le jour en 2018, selon l’agence de presse officielle Xinhua (Chine nouvelle) : les premiers humains « clonés », aux dires de He Jiankui et de son équipe, grâce à la technique du Crispr-Cas9, une « paire de ciseaux » génétiques, capables de désactiver le gène qui joue un rôle clé dans la diffusion du sida à l’intérieur des cellules. 

Chine nouvelle rapporte que le tribunal de Shenzhen a jugé que les prévenus, « dans la poursuite de la gloire et du profit, ont délibérément violé les réglementations nationales en vigueur en matière de recherche scientifique et médicale, et franchi la ligne rouge en matière d’éthique ». 

Une condamnation qui ne doit cependant pas faire illusion : après avoir écopé de la peine minimale prévue pour son infraction - trois ans, pour un maximum de dix ans prévu par le droit chinois - He Jiankui a déclaré que ses actions étaient « sûres et éthiques » et qu’il demeurait « fier » de ce qu’il avait fait. 

Loin de marquer un retour à la raison d’une Chine trop souvent accusée de jouer aux apprentis sorciers, la décision des magistrats signifie aussi que les scientifiques chinois ne veulent pas être guidés par les occidentaux, et qu’ils voient d’un mauvais œil les règles éthiques provenant de pays de culture chrétienne, comme l’expliquait déjà en 2016 le correspondant de La Croix à Pékin, Simon Leplâtre. 

Si une éthique médicale existe au pays du dragon, elle est fondée sur la tradition confucéenne. Elle consiste en une forme d’opportunisme qui est, selon les propres termes de Confucius, « le trait distinctif du Sage ». Dans cette perspective, « il faut suivre en tout une voie moyenne, marcher sans intention déterminée, faire ce qui convient le mieux, pour le moment, dans le cas donné, au fur et à mesure ». 

Cette morale très pragmatique a formé la pensée chinoise pendant de très nombreux siècles, mais elle manque cruellement de la base solide qu’elle trouverait dans une véritable philosophie de l’homme. En Chine comme ailleurs, elle ne peut se trouver qu'à la lumière de la Révélation chrétienne. Pour l’heure, c’est le matérialisme marxiste qui imprègne et égare les esprits.