L’Eglise au défi du transhumanisme

Source: FSSPX Actualités

La XVIe conférence annuelle de l’association catholique Science et Vie s’est déroulée à Rome le 25 mai 2018, sous les auspices du cardinal Gualtiero Bassetti, archevêque de Pérouse et président de la Conférence des évêques d’Italie (CEI). Elle avait pour thème : Homo Cyborg, l’avenir de l’homme entre techno-sciences, intelligence artificielle et nouvel humanisme.

Introduisant le thème de la journée, le cardinal a mis l’accent sur l’importance du transhumanisme comme défi à relever par l’Eglise : « le monde dans lequel nous vivons », a-t-il déclaré, est « le produit d'un processus historique » qui a eu son point de départ au moment de « la naissance de Louise Brown, le premier bébé né par fécondation in vitro ».

Aujourd'hui, selon l'analyse de Mgr Bassetti, les sociétés occidentales semblent « traversées par une crise anthropologique profonde qui consiste dans le fait de marchandiser tout, même le corps humain » ; c’est le règne de la « culture du bien-être » qui anesthésie l'esprit et le cœur humains à travers une « nouvelle idolâtrie de l’argent », et « le fait pour l’être humain de se voir réduit à son seul besoin de consommer ».

Plusieurs personnalités scientifiques se sont succédées afin de sensibiliser l’auditoire sur le défi transhumaniste. Ainsi, Domenico Coviello, directeur du laboratoire d’analyses génétiques de l’Hôpital Galliera de Gênes a évoqué le Crispr-cas9, une nouvelle technologie de génie génétique ouvrant la possibilité de modifier l’ADN : « on ne connait pas encore pleinement les capacités de cette technologie, mais elle pourrait également être utilisée à des fins de contrôle et de planification de l’espèce humaine », avertit le scientifique qui entend « proposer un débat public pour une plus grande prise de conscience de la perspective transhumaniste, dans une recherche objective du bien commun ».

Antonio Allegra, professeur d'histoire de la philosophie à l'Université pour étrangers de Pérouse, a livré une réflexion sur le concept de transhumanisme qui recèle « une altération radicale de l’être humain ». Pour ses partisans, explique l’universitaire, l’homme tel que nous le connaissons « est au crépuscule de son existence », il est à la veille d’une transformation où la vie individuelle est menacée par une « puissante idéologie technocratique ».

Mgr Bassetti a conclu les travaux en affirmant qu'il fallait inventer « un nouvel humanisme chrétien » (?) : ce « n'est pas une question d'érudits enfermés dans leur tour d’ivoire, c’est un projet extrêmement concret, qui propose d'humaniser la technique, de la mettre au service de l'homme et de sauvegarder la vie humaine à chaque instant de l’existence ». – Plutôt que de parler d'un nouvel humanisme à inventer, ne suffit-il pas de prêcher la foi et la morale catholiques, les vraies lumières pour guider les hommes dans leurs décisions comme dans leur agir vertueux ?