Les dons du Saint-Esprit (1)

Dans la Sainte Ecriture ils sont appelés esprits et dons : « L’Esprit du Seigneur reposera sur lui, esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de science et de piété, et l’esprit de crainte de Dieu le remplira » peut-on lire dans le célèbre passage d’Isaïe (11,2).

Et David de proclamer au Christ : « Tu es monté dans les hauteurs, tu as captivé la captivité, tu as reçu tes dons dans les hommes » (Ps 67,19). Ces derniers mots concernent particulièrement les dons du Saint-Esprit qui rendent l’âme très docile à ses inspirations.

Ces appellations conviennent éminemment au septénaire divin. D’abord parce que ces deux noms conviennent au Saint-Esprit lui-même. Esprit, en tant qu’il procède de l’amour par « spiration » selon le terme théologique, et par l’élan de l’amour. Don, parce que l’amour est communicatif de soi, et le premier don de l’amour est le cœur de l’ami, uni à l’aimé présent au-dedans de celui qui l’aime.

Les dons ont pour fonction de perfectionner les vertus : ils viennent pour ainsi dire polir, et dorer, et faire resplendir les vertus dans les choses où celles-ci n’atteignent pas d’elles-mêmes. Car la foi seule, nous laisse dans une certaine obscurité ; mais à l’aide du don d’intelligence, la foi devient contemplative et pénètre plus facilement les mystères de la foi.

Ici-bas, nous ne pouvons contempler parfaitement en vertu de la seule foi, tout au plus sommes-nous arrosés d’une rosée légère, et cette rosée elle-même est presqu’obscure. Il nous est donc nécessaire, pour ne pas défaillir, que le ciel nous soit quelque peu entrouvert, et c’est ce que fait le Saint-Esprit par les dons d’intelligence, de science et de sagesse.

Ces dons célestes sont encore appelés esprits parce qu’ils sont ordonnés en nous par l’inspiration divine, en tant que ce mot désigne une certains impulsion venant de l’extérieur. Pour bien opérer, toute créature a besoin de la motion divine, tout spécialement dans l’ordre surnaturel. Pour que l’homme devienne apte à agir selon une mesure qui dépasse la vertu, il est nécessaire qu’il reçoive un esprit (ou une force) plus noble par lequel il soit mû d’une impulsion extérieure qui le surélève.

Enfin, les dons sont encore appelés esprits parce que l’âme les reçoit comme le souffle même de Dieu lorsqu’il la pare de ses dons, lui insuffle son Esprit, afin que toutes les vertus de l’âme soient rendues plus parfaites et élevées à un mode supérieur d’opérer.

D’après Jean de Saint-Thomas, Les dons du Saint-Esprit.

Jean de Saint-Thomas, est, avec Cajetan, l’un des plus célèbres commentateurs de saint Thomas d’Aquin.