Eglise syro-malabare : solution du conflit en vue ?

Source: FSSPX Actualités

Sanctuaire international Saint-Thomas de l'Eglise syro-malabare, à Angalamy

Le site Ucanews a publié un article le 21 juin 2024, sur une évolution positive du conflit dans l’Eglise syro-malabare qui semble se diriger vers une solution, alors que la tension était parvenue à son comble au début du mois par la publication d’une lettre-ultimatum menaçant les opposants à la messe « unifiée » d’une excommunication à partir du 3 juillet prochain.

Pour mémoire, la querelle porte sur la célébration de la messe. Selon la tradition la plus ancienne, le prêtre célèbre dos au peuple. Mais une réforme vieille d’une soixantaine d’années le fait célébrer face au peuple. Un synode tenu en août 2021 a tranché : la célébration doit se faire face au peuple pendant la première moitié de la messe, puis dos au peuple ensuite, c’est la forme « unifiée ».

Mais « le synode s’est heurté à une résistance farouche dans l’archéparchie d’Ernakulam-Angalamy où la plupart des prêtres souhaitent que (…) la célébration entièrement face au peuple soit reconnue comme une variante légitime ».

Un ultimatum de 4 pages menaçait les opposants : au 3 juillet « les prêtres qui ne se conforment pas à cette dernière instruction et qui célèbrent la sainte Eucharistie d’une manière différente que la liturgie unifiée, seront considérés comme ayant quitté la communion de l’Eglise catholique », cite The Pillar.

Leur attitude, ajoute le même journal « est définie canoniquement comme un schisme entraînant l’excommunication ». Ces prêtres « seront exclus du ministère sacerdotal à partir du 4 juillet 2024, sans autre avertissement » est-il encore précisé. La lettre note de plus que « les mariages célébrés par des prêtres à qui l’Eglise a interdit des fonctions sacerdotales seront nuls ».

Une dissidence au sein des évêques

Le synode de l’Eglise syro-malabare s’est ouvert le 14 juin 2024. C’est alors qu’a été révélée une note de cinq évêques « dissidents » qui ont « remis en question la menace d’excommunication automatique des prêtres qui refusent d’accepter » la messe unifiée, rapporte Ucanews. Ces prélats ont attaqué la légalité de la lettre-ultimatum.

D’une part ils s’étonnent qu’elle ait été publiée « avant d’être soumise à l’examen du synode », synode qui a été convoqué « pour traiter exclusivement du différend liturgique », la traitant de « lettre clandestine ». D’autre part ils ont pointé la « totale violation des dispositions du droit canonique ». Leur justification est toutefois assez particulière.

Ils affirment que la circulaire « sentait la culture moyenâgeuse de l’Eglise ». Il poursuivent : « l’excommunication est un terme inconnu depuis Vatican II (sic). Le droit canon des Eglises orientales (CCEO) n’envisage par l’excommunication automatique [latae sententiae]. En outre, nous devrions également garder à l’esprit les disposition de Sacramentis Sanctitatis Tutela (art. 2). »

Toutefois, ajoute Ucanews, les prélats ont précisé qu’ils ne justifieraient pas la résistance des prêtres à la mise en œuvre de la rubrique – décidée par le synode de 2021. Mais ils demandent : « Qui a dirigé l’ensemble du processus ? (…) L’archevêque majeur, en tant que père et chef de l’Eglise, a-t-il un droit absolu sur ces décisions ? Ou bien les pères synodaux sont-ils de simples témoins ? »

A la suite de cette contestation, le 19 juin, 22 évêques sur 48 présents au synode en ligne (sur un total de 65) ont soutenu la note dissidente. Ce fait a « ouvert la voie à un règlement à l’amiable du conflit liturgique vieux de plus de 5 décennies » explique le site Ucanews.

Sous condition d’acceptation par Rome, « les prêtres d’Ernakulam-Angalamy seront désormais autorisés à poursuivre leur coutume liturgique, mais ils devront également célébrer une messe “unifiée” tous les dimanches dans leur paroisse », ont déclaré les sources à Ucanews.

Un prêtre connaisseur des tensions dans le milieu catholique en Inde, estime qu’il s’agit d’une querelle de pouvoirs. C’est d’ailleurs ce que laisse percer l’article d’Ucanews qui cite des évêques dissidents qui pensent que l’archevêque majeur a subi des pressions. Quoi qu’il en soit, la solution envisagée permettra d’apaiser une situation qui était prête à gravement dégénérer.