L’Académie pontificale des Sciences a son nouveau président

Source: FSSPX Actualités

Joachim von Braun.

Le pape François a nommé, le 21 juin 2017, le nouveau président de l’Académie pontificale des Sciences. Il s’agit de l’Allemand Joachim von Braun, 66 ans, spécialiste des questions agricoles et du développement. Une nomination dans la droite ligne de l’encyclique Laudato sí qui défend l’idée d’une écologie intégrale.

Joachim von Braun remplace le microbiologiste et généticien suisse Werner Arber, 88 ans, qui occupait le poste depuis 2011. Le nouveau président est né en 1950, en Rhénanie du Nord-Westphalie ; il a effectué des études d’agronomie, puis a obtenu un doctorat à l’Université de Bonn, avant d’être enseignant chercheur en économie agricole au sein des universités de Göttingen, Kiel et Bonn. 

Joachim von Braun a la réputation d’être un expert de renommée mondiale pour les questions touchant à la faim et à la malnutrition. Il a été directeur général de l’Institut international de Recherche en politiques alimentaires à Washington, entre 2002 et 2009, puis directeur du Centre de Recherche pour le développement de l’Université de Bonn, où il est aussi professeur d’économie. 

Ses domaines de recherche concernent le développement économique international, l’économie des ressources naturelles, la pauvreté, la politique agricole, les politiques d’innovation scientifique et technologique ainsi que le commerce international : domaines qui sont au centre de l’écologie intégrale développée dans l’encyclique Laudato sí, ce qui explique sans doute le choix du pape François. 

Les travaux de l'Académie pontificale des Sciences suscitent régulièrement des polémiques. Ainsi, le 28 avril 2015, elle avait organisé, avec la bénédiction du pape, un symposium sur la « dimension morale du changement climatique et du développement durable ». À ce symposium participait comme conférencier autorisé Jeffrey Sachs, connu pour être ouvertement partisan du contrôle de la natalité au moyen de la contraception et de l’avortement. 

Plus récemment, lors du symposium sur « l’extinction biologique » organisé du 27 février au 1er mars 2017 - à huis clos cette fois-ci - l’Académie n’avait pas hésité à inviter Paul Ehrlich, scientifique qui plaide pour la limitation du nombre d'habitants sur la terre à un chiffre idéal de 1 milliard… 

Ce n'était malheureusement pas un faux pas. Déjà en 2015, le Saint-Siège avait choisi pour présenter l’encyclique Laudato Sí  Hans Schellnhuber, membre de l’Académie et contributeur des pages consacrées aux sciences naturelles dans l'encyclique du pape. Célèbre fondateur de l'Institut de Recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique, conseiller de la chancelière allemande Angela Merkel ou encore de la Commission européenne, ce scientifique influent avait eu l’occasion de déclarer à propos du réchauffement climatique : « c’est un triomphe pour la science car elle a au moins pu définir quelque chose d’important, c’est-à-dire que l’équilibre de la planète requiert une population de moins d’un milliard de personnes ». 

Pour mémoire, l’Académie pontificale des Sciences a pour objectif d'honorer la science, d’en assurer la liberté et d’en favoriser la recherche. Elle a été fondée, à Rome, en 1603. D’abord appelée Académie des Lincei, relancée par Pie IX en 1847, elle vit le pape Pie XI lui concéder de nouveaux statuts et lui donner son nom actuel, le 28 octobre 1936. 

Un nouveau statut a été approuvé par Paul VI, le 1er avril 1976, insistant sur la non-discrimination « ethnique ou religieuse », ainsi que sur la dimension « multiraciale » dans le choix de ses membres : l’éminence des travaux ainsi que la moralité de l’académicien constituant dorénavant les principaux critères de désignation. 

L’Académie pontificale des Sciences revêt une particularité voulue dès sa refondation par Pie XI : elle est placée sous la protection directe du souverain pontife, tout en demeurant une entité qui jouit d'un statut autonome. L'Académie demeure ainsi libre de diriger elle-même ses activités dans ses domaines d'attribution. Dans un message adressé aux académiciens en 1940, Pie XII avait rappelé ce large esprit d’initiative propre cette institution : « À vous, nobles champions des arts et disciplines humaines, l'Eglise reconnaît une totale liberté dans vos méthodes et vos recherches ». 

En raison de leur indépendance, les colloques et les études de l'Académie constituent assurément une mine d’informations et une base de travail importante, mais qui n’engagent toutefois pas l’Eglise. Le Saint-Siège et les organes qui en dépendent peuvent s'appuyer sur les travaux de l’Académie, à la condition que ceux-ci soient examinés et validés au regard du Magistère : qualification qui, par  principe, doit suivre une procédure interne bien précise, ne laissant aucune place à l’arbitraire.