Inde : opération séduction en direction des chrétiens

Fonte: FSSPX Actualités

Narendra Modi avec les responsables religieux

Rencontres avec les principaux responsables des différentes confessions chrétiennes, volonté réaffirmée de voir le pape se rendre sur le sol indien : à un an d’élections générales qui s’avèrent cruciales pour lui, le premier ministre indien multiplie les gestes d’apaisement en faveur des chrétiens du sud du pays.

Pas un bouton de guêtre ne doit manquer pour remporter la victoire : ce qui est vrai selon les canons de l’art militaire l’est au moins autant dans la vie politique, et Narendra Modi l’a bien compris. Le chef de l’exécutif indien se trouve à un an d’élections générales qui verront le renouvellement du Lok Sabha, la chambre basse du Parlement, et seule une large victoire peut lui permettre de conserver le pouvoir.

D’où la campagne intitulée Sneh Yatra – littéralement « manifestation d’affection » – que l’homme fort de l’Inde a lancé dans plusieurs Etats du pays en direction des différentes minorités religieuses, afin de rallier leurs suffrages vers le parti qu’il dirige, le Bharatiya Janata Party (BJP).

Notamment en direction des catholiques du Kerala qui représentent environ 18% des 33 millions de cet Etat du Sud-Ouest de l’Inde : un poids qui leur fait jouer un rôle positif décisif dans certaines municipalités.

Dans ce contexte, le 24 avril 2023, Narendra Modi a rencontré les responsables des églises catholiques, ainsi que de confessions religieuses, dans un hôtel de Kochi, la capitale financière du Kerala : des sujets sensibles comme la violence à l’encontre des minorités chrétiennes et les quotas d’accès à certains postes pour les chrétiens Dalits – encore très peu représentés dans les fonctions officielles – ont été abordés.

Il s’agit de la deuxième rencontre entre des membres de la hiérarchie ecclésiastique et Narendra Modi en moins d’un mois. Le Premier ministre a visité la cathédrale du Sacré-Cœur à New Delhi le soir du dimanche de Pâques 2023, une première depuis son arrivée au pouvoir en 2014.

Le premier ministre indien serait-il à ce point en difficulté pour tenter de rallier l’électorat chrétien ? Pour l’heure, le sentiment qui prévaut est que le BJP reste tout puissant et vogue vers la victoire. Cela étant, il se dit de plus en plus que l’hégémonie persistante du parti nationaliste hindou pourrait finir par jouer contre lui et pousser les partis d’opposition à s’unir dans les Etats fédérés.

Rappelons que le mode de scrutin en Inde est identique à celui en vigueur en Grande-Bretagne, autrement dit : uninominal à un seul tour. C’est donc le premier qui rafle la mise. Les opposants seront donc peut-être tentés de s’unir enfin, en dépit de leur rivalité.

Car si le BJP remporte les élections générales pour la troisième fois au printemps 2024, la place sera plus que limitée pour les formations d’opposition, que ce soit à New Delhi, la capitale, ou dans les Etats indiens. Les dés ne sont donc pas jetés à ce jour.

Autre fait de nature à inquiéter Narendra Modi : la faillite possible du plus grand groupe industriel indien dirigé par Gautam Adani, l’un de ses proches, qui, si elle se concrétisait, ne manquerait pas d’affaiblir le chef du gouvernement indien.

Du côté des catholiques, si le moindre avantage demeure toujours bon à prendre, on n’est pas dupe du double jeu joué par l’homme fort de l’Inde qui, par le passé, n’a jamais levé le petit doigt pour protéger une minorité largement persécutée dans le pays.