Irlande : Le peuple irlandais adopte le « mariage » entre personnes de même sexe

Fonte: FSSPX Actualités

Les Irlandais ont dit ‘oui’, le 22 mai 2015, lors du référendum leur proposant d’amender la constitution de leur pays afin d’autoriser le mariage entre deux personnes de même sexe. 1.201.607 voix ont voté pour ; 734.300 ont voté contre. Soit 62,1% contre 37,9%.

Au total, 60,5% des Irlandais se sont déplacés pour prendre part au scrutin. Le ‘oui’ a été défendu par tous les principaux partis politiques irlandais, y compris le Fine Gael – pourtant plutôt « conservateur » – du Premier ministre Enda Kenny. L’Irlande est donc le premier pays à autoriser le « mariage » homosexuel après un vote national. Jusqu’ici, il avait été autorisé uniquement après les votes de vingt parlements dans le monde.

Pour le quotidien anglais The Guardian daté du 23 mai, un tel référendum était « impensable » il y a vingt ans. « C’est seulement en 1993 que l’homosexualité a été décriminalisée » dans le pays, rappelle le correspondant britannique à Dublin, Henry McDonald. D’après le quotidien écossais The Scotsman, cité par Le Monde du 24 mai 2015, « les analystes politiques qui couvrent les référendums en Irlande depuis des décennies s’accordent à dire que la victoire écrasante du ‘oui’ marque un important tournant générationnel par rapport aux années 1980, lorsque les électeurs soutenaient toujours fermement les traditions catholiques et votaient en grand nombre contre l’avortement et le divorce. » Egalement cité par Le Monde du 24 mai, un analyste de la BBC note que « les résultats du référendum en disent énormément sur une République d’Irlande changée, et il est tentant d’écrire : “L’Irlande catholique est morte et enterrée” ».

Dans un éditorial publié sur le site internet independent.co.uk le 24 mai dernier, Paul Vallely, professeur de l’université de Chester en Angleterre, considère que les nombreuses affaires de pédophilie qui ont secoué le clergé irlandais ont creusé le fossé entre l’Eglise et la société. Il note que « le dimanche, la participation à la messe, qui était de plus de 90% dans les années 1970, est tombée à 34% en 2013. » D’après l’éditorialiste, dans un pays où la majorité de la population est aujourd’hui « fonctionnellement athée », l’Eglise a « perdu son emprise sur les Irlandais ». Et il constate que l’archevêque de Dublin, Mgr Diamund Martin, n’a pas vraiment fait campagne en faveur du ‘non’ : « le ton de l'évêque a été extraordinairement mesuré ». Ce que déplore vivement Roberto de Mattei dans Correspondance romaine. Le 27 mai dernier, il écrivait que « ce qui suscite le plus de scandale, ce sont les silences, les omissions et la complicité des évêques et des prêtres irlandais pendant la campagne électorale. » L’universitaire italien rappelait qu’avant l'élection, le primat d’Irlande « a déclaré qu'il voterait contre le mariage homosexuel, mais qu'il ne dirait pas aux catholiques comment voter ». C’est dans cette « reddition culturelle et morale face au monde de leurs pasteurs, qui acceptent cette dégradation comme une évidence sociologique, sans se poser le problème de leurs propres responsabilités » qu’il faut trouver, selon Roberto de Mattei, « la véritable cause » du vote. Un vote qui est une « défaite pour l’humanité », selon le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège qui a tenu ces propos le 26 mai, en marge d’une conférence à Rome, repris par l’agence I.Media.

D’après le journal catholique britannique The Tablet cité par l’agence Apic le 28 mai, le cardinal Raymond Burke a déclaré que ce référendum est « une façon de défier Dieu. C'est tout bonnement incroyable. Les peuples païens ont peut-être bien toléré les comportements homosexuels, mais ils n'ont jamais osé les assimiler au mariage ». Une régression morale et publique dans laquelle a pourtant sombré le peuple irlandais. Ce qui amène Roberto de Mattei à se poser la question du « silence sépulcral sur l'Irlande du pape François (…) Pourquoi, dans les jours précédant le vote, le Saint-Père n'a-t-il pas lancé un appel vigoureux et affligé aux Irlandais en leur rappelant que la violation de la loi divine et naturelle est un péché social dont le peuple et ses pasteurs rendront un jour compte à Dieu ? Avec ce silence, ne s'est-il pas fait lui aussi complice de ce scandale ? »