Ploërmel : le diocèse rachète la croix de la discorde

Source: FSSPX Actualités

Dans un communiqué daté du 1er mars 2018, Mgr Raymond Centène, évêque de Vannes, a annoncé que le diocèse avait reçu l’aval du Conseil municipal de Ploërmel pour le rachat de la croix et de la statue de Jean-Paul II qui avaient déclenché l’an passé l’ire des chantres de la laïcité.

Mgr Centène résume les raisons qui l’ont mené à faire le choix de ce rachat : restaurer la concorde ; assurer la visibilité de la croix comme symbole chrétien au cœur de la cité ; préserver l’intégrité de l’œuvre, en la déplaçant en totalité dans un emplacement très proche de son lieu actuel ; être en conformité avec la loi.

En plus de l’achat - 20.000 € selon le journal Famille Chrétienne - le diocèse va aménager pour l’accueillir, face à l’école du Sacré-Cœur, un espace cultuel de recueillement et de prière estimé à presque 100.000 euros. Pour financer le projet, l’évêque de Vannes lance une souscription en ligne sur le site du diocèse.

Si Jean-Paul II est toléré, la Croix ne l'est pas : tout un symbole

La ville paisible de 10.000 habitants qu’est Ploërmel a gagné une notoriété internationale depuis la décision du Conseil d'Etat, le 25 octobre 2017, de donner à cette commune du Morbihan six mois pour retirer la croix de l'arche au-dessus de la statue de Jean-Paul II. La plus haute juridiction administrative française avait été saisie par la Fédération morbihannaise de la libre-pensée qui se plaignait de la pose, le 9 décembre 2006, de cet imposant monument sur un parking.

Le Conseil d'Etat lui a donné raison en estimant cette occupation de l'espace public incompatible avec les principes de la laïcité établis par la loi de 1905 qui prévoit en son article 28 : « Il est interdit, à l'avenir, d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l'exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions ». Si la statue du pape Jean-Paul II pouvait demeurer à sa place, la croix qui la surmonte devait être enlevée.

Pour ne pas dissocier les deux éléments de l'œuvre, le diocèse a donc proposé de racheter l'ensemble. C'est ainsi que l'Eglise se retrouve contrainte de racheter un monument offert à la municipalité de Ploërmel par l’artiste russo-géorgien Zourab Tsereteli, qui avait été fait pour l'occasion citoyen d'honneur de la ville. Le 25 octobre 2014, le même artiste avait pu inaugurer à Paris une statue similaire du pape polonais, près de la cathédrale Notre-Dame, en présence du maire de Paris. Mais cette statue n'était pas surmontée de l'objet de la discorde : la Croix du Christ. Si Jean-Paul II est toléré, la Croix ne l'est pas.

L'identité française et la glorification de la Croix

L'évêque de Vannes écrit avec raison que cette affaire « était devenue un symbole de la crise religieuse et culturelle de l’identité française. » Cette crise n'est pas nouvelle. Elle remonte à la Révolution française et à son œuvre de déchristianisation, qui s'est poursuivie en particulier sous la troisième République, dont les libres penseurs sont les dignes héritiers. C'est ainsi que la laïcité d'origine maçonnique n'a de cesse d'éradiquer la religion de la sphère publique pour la mieux chasser de l'âme des citoyens.

A l'approche de Pâque, cette actualité rappelle que la Croix demeure « un scandale pour les Juifs et une folie pour les païens. » C'est pourtant par elle que le salut a été apporté aux hommes et que le monde sera jugé. Saint Paul l'explique clairement : « la prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent, mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une puissance de Dieu (...). Les Juifs demandent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse. Nous, nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs. » (1 Co. 1, 18-23).

Désormais, « nous nous glorifions dans la Croix du Christ » (Gal. 6, 14), en laquelle « nous avons le salut, la résurrection et la vie » (messe du Jeudi Saint).