Mozambique : le cimeterre du djihad s’abat sur le nord du pays

Source: FSSPX Actualités

Images d’une vidéo de propagande de l’Etat islamique

Plusieurs organismes catholiques tentent d’alerter l’opinion publique sur la situation dramatique que vit la région du Cabo Delgado, au nord du pays. Les massacres commis par des milices djihadistes se sont intensifiés depuis la fin du mois de mars, tandis que l’Eglise taxe le gouvernement de passivité.

Le directeur de l’institut pour la paix – une entité de la Conférence épiscopale catholique d’Afrique australe (SACBC) – explique : « Nous avons essayé d’en parler, mais personne ne s’est soucié d’écouter. Il y a un tollé mondial maintenant parce qu’une poignée d’étrangers ont été touchés. Mais cela dure depuis longtemps. Plus de 3 000 Mozambicains innocents sont morts dans cette violence et personne ne s’en est soucié.

« Chaque vie compte. En tant qu’organisation catholique, nous croyons que nous sommes tous créés à l’image de Dieu. » Le ton de la lettre reçue à ACI Africa le 4 avril 2021 est plus qu’alarmant.

L’Institut Denis Hurley pour la paix (DHPI) – organe dépendant de la SACBC – fait état de l’ampleur de la crise qui frappe le Mozambique, et qui vient d’atteindre un nouveau pic d’horreur, lors de la dernière attaque djihadiste lancée le 24 mars dernier sur la ville côtière de Palma.

Lorsqu’ils ont lancé leur raid sur la modeste cité, distante de 15 km des installations gazières du groupe Total, les attaquants n’étaient pas très nombreux, mais déterminés : une centaine d’hommes, tout au plus, selon des sources locales et étrangères.

Cinq jours plus tard, l’organisation Etat islamique (EI) revendiquait l’opération des insurgés de Ahlu Sunna wal Jamaa – ou plus simplement Al-Chabab (« les jeunes »), dans sa publication Al-Naba.

Une vidéo, présumée prise à Palma après l’attaque, et visionnée par l’organisation catholique Aide à l’Eglise en détresse (AED), montrait des corps décapités et affreusement mutilés.

Ulrich Kny, chef de projet à AED pour le Mozambique, a réagi à ces atrocités : « les images sont horribles. Nous ne pouvons même pas les diffuser à cause de leur brutalité. Combien d’autres décès devra-t-on encore déplorer avant que le monde ne fasse quelque chose pour mettre fin à cette violence ? Aucune de ces vies fauchées ne semble compter : cela m’arrache le cœur. »

Il existe un flou sur le bilan humain, mais les victimes civiles se compteraient par dizaines, tandis que plus de 10 000 personnes auraient été forcées de fuir Palma pour Pemba.

Lelis Quintanilla, responsable du projet DHPI Mozambique, témoigne que des milliers de familles fuyant la violence sont déjà arrivées à Pemba. Selon les Nations unies, le chef lieu du Cabo Delgado a déjà vu sa population de 200 000 habitants augmenter des trois quarts depuis février dernier.

« Pemba ne possède pas une infrastructure suffisante pour supporter l’afflux des réfugiés », s’inquiète Manuel Nota, responsable local de l’organisme catholique Caritas.

L’évêque de Pemba, Mgr Luiz Fernando Lisboa, a rédigé plus tôt dans l’année une lettre très critique mettant en question l’attitude passive du gouvernement face à la recrudescence d’attaques meurtrières dans la région : depuis, le prélat a dû faire ses valises pour son pays natal, le Brésil, le 11 février 2021, après avoir reçu des menaces de mort.

Début avril, l’armée du Mozambique a déclaré qu’elle avait repris le contrôle de la ville côtière.

De son côté, le groupe énergétique Total a décidé de suspendre son projet d’extraction de pétrole dans la région, un projet qui pèse près de 17 milliards d’euros : une manne dont le pays a besoin.

Plus de 3 000 personnes sont mortes et 700 000 ont été déplacées depuis que les insurgés islamistes, qui ont prêté allégeance à l’EI, ont commencé à terroriser le Cabo Delgado, en 2017.