Le Canada dans la dérive euthanasique

Source: FSSPX Actualités

Au pays de l’érable, la politique de santé publique met un accent prononcé sur la promotion de l’euthanasie auprès des patients en fin de vie. La récente mésaventure d’une fondation publique vouée à l’accès aux soins palliatifs est un bon exemple de la dérive qui se cache derrière le prétendu droit de mourir dans la dignité.

La Fraser Health Authority (FHA) est un organisme de santé publique qui délivre ses prestations dans l’Etat de Colombie britannique (Canada), auprès de plus de 1,8 millions d’assurés.

Le 25 février 2021, FHA a annoncé dans un communiqué qu’elle cessait de financer la Delta Hospice Society (DHS), une fondation publique à but non lucratif spécialisée dans les soins palliatifs en Colombie britannique : «  conformément aux exigences du contrat signé entre Fraser Health et la Delta Hospice Society, nous avons émis un avis de rupture de bail, car DHS ne permet pas d’accéder à la totalité des services de santé financés par l’Etat dans les établissements de soins qu’il gère ».

En ligne de mire, le refus de proposer l’euthanasie dans les deux centres médicaux gérés par le DHS, Irene Thomas Hospice, et Harold and Veronica Savage Centre for Supportive Care (VSC).

Pour mémoire, l’euthanasie active et le suicide assisté (MAID) ont été légalisés en juin 2016 au Canada. Les centres de soins palliatifs au Canada doivent de plus proposer l’euthanasie à leurs patients s’ils reçoivent plus de 50 % de leur budget de la part de fonds publics.

Une mesure qui ne s’applique pas aux centres religieux confessionnels : or, les établissements relevant de la Delta Hospice Society n’étant pas confessionnels, ils ne peuvent invoquer le droit à l’objection de conscience.

Fraser Health a même envoyé plusieurs de ses employés le 14 janvier dernier à l’Irene Thomas Hospice, afin de signifier aux résidents en fin de vie, leur avis d’expulsion : « nous n’avons même pas été prévenu de cette démarche par FHA ; de plus était-il utile de contrarier nos résidents sachant que beaucoup d’entre eux devraient décéder avant la fermeture de notre établissement  (prévue pour le 25 mars 2021) ? », s’interroge Angelina Ireland, présidente de la Delta Hospice Society.

Le même sort est réservé au Veronica Savage Centre, un établissement qui ne possède aucun lit, mais qui se contente d’orienter les patients et leurs familles vers des soins alternatifs à l’euthanasie !

« Je ne comprends pas pourquoi on tente de faire rentrer le VSC dans la controverse sur le suicide assisté, puisqu’il ne s’agit pas d’un Ehpad, il n’y a aucun lit… », s’étonne la présidente de DHS, qui aura eu le mérite de mettre en lumière l’attitude des promoteurs de l’euthanasie dans son pays.

D’un côté, on répète à la Delta Hospice Society qu’elle est libre de proposer des soins palliatifs, mais de l’autre, on la condamne parce qu’elle ne propose pas l’euthanasie à des patients en fin de vie qui, le plus souvent, n’ont pas la capacité d’émettre un choix libre.

Une contradiction assumée par Adrian Dix, ministre canadien de la Santé, qui soutient la politique de Fraser Health : « je respecte le droit de quiconque d’être en désaccord avec le choix de l’euthanasie, et personne n’a jamais demandé au personnel des soins palliatifs de fournir une aide médicale à mourir, mais ce même personnel doit permettre aux résidents qui le souhaitent, d’y accéder ».

Devant une dérive qui se met en place de façon toujours plus évidente au pays de l’érable, Angelina Ireland ne désarme pas : privée de ses établissements, elle continuera de soutenir les soins palliatifs contre l’euthanasie, « même s’il faudra peut-être du temps pour trouver le plan d’action adéquat ».