L’Association patriotique des catholiques chinois (10)

Source: FSSPX Actualités

Xi Zhongxun, secrétaire général du Conseil d’Etat

Ces articles sont destinés à présenter une réalité très particulière, qui joue un rôle déterminant dans la vie des catholiques de Chine, soit en les enrôlant sous la bannière du Parti communiste chinois, soit en les rejetant dans les catacombes. L’article est publié sur le site des Missions étrangères de Paris. Cette présentation permettra au lecteur non averti de comprendre les enjeux de l’accord sino-Vatican, qui devrait être renouvelé pour la deuxième fois en octobre.

Quarante ans après la fondation de l’Association patriotique des catholiques chinois, il est possible de déchiffrer le dessein et les objectifs que les dirigeants du PCC s’étaient fixés et qu’ils comptaient atteindre à travers sa création.

II] Les débuts du nouveau régime : l’action contre l’Eglise (suite)

L’arrestation des « réactionnaires » et la formation des associations patriotiques

L’arrestation et la situation d’empêchement d’une grande partie des autorités ecclésiastiques laissa le champ libre aux candidats favoris du gouvernement. Celui-ci créa d’ailleurs des circonstances favorables au développement accéléré des associations patriotiques au niveau local et facilita la participation de prêtres et de laïcs aux rencontres de nature politique.

L’adhésion, même tardive, de plusieurs personnalités ecclésiastiques importantes aux initiatives du gouvernement fit conclure aux autorités que les conditions étaient mûres désormais pour entreprendre la troisième tentative de création d’une « association patriotique » de catholiques au niveau national. Nous étions alors en janvier 1956.

M. Yang Shida écrit : « Les organismes patriotiques des catholiques se sont développés avec rapidité après l’élimination des bases influentes de l’impérialisme et de la contrerévolution situées au sein de l’Eglise catholique. Pour l’heure, la forme de ces diverses organisations se différencie selon les régions. Leur dénomination varie. Il n’existe pas de liens et de relations réciproques entre elles.

« Elles ne possèdent pas d’organisme directeur pour assurer leur unité et leur centralisation. Les délégués qui, en janvier 1956, ont participé comme membres du Comité ou comme observateurs à la quatrième réunion du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois furent convoqués à un entretien avec Xi Zhongxun, secrétaire général du Conseil d’Etat.

« Au cours de la réunion, il fut proposé à l’unanimité d’encourager la fondation d’une organisation patriotique nationale des catholiques, pour unifier l’activité des associations patriotiques locales du pays et de permettre à tous les catholiques de Chine de s’unir pour créer une organisation indépendante, prospère, puissante, et d’aider le gouvernement à appliquer sa politique religieuse.

« Xi Zhongxun a considéré que nos propositions étaient non seulement légitimes, mais aussi avantageuses pour le peuple, la patrie et l’Eglise catholique. Il a donné son appui et son soutien. “L’Association patriotique est une question qui appartient aux catholiques ”, a-t-il déclaré.

« “Votre devoir est de l’organiser. Si, à un moment donné, vous avez besoin de l’assistance du gouvernement, le gouvernement vous aidera certainement. Le gouvernement populaire agit en faveur du peuple. Il a la responsabilité et le devoir de faire tout ce qui profite au peuple.” »

Dès ce jour, l’Association patriotique des catholiques de Chine a pris forme. « L’élimination des bases influentes de l’impérialisme et de la contrerévolution » de Yang Shida, était très concrète. Depuis des années, les personnalités catholiques, évêques, prêtres et laïcs, considérées comme rebelles à une collaboration, étaient systématiquement arrêtées et disparaissaient dans le système carcéral d’Etat.

Les prêtres disparurent par centaines. Le régime persécuta surtout les administrateurs diocésains, évêques ou prêtres. Ainsi, le nouvel évêque de Xiwanzi, Mgr Melchior Zhang, fut arrêté au début de 1952 : il sortira de prison « pour raisons de santé » et sera placé en liberté surveillée en mars 1985.

L’évêque de Shanghai, Mgr Ignace Gong Pinmei, arrêté le 8 septembre 1955 avec soixante-dix prêtres environ et des centaines de fidèles, passera 30 ans en prison et trois autres en résidence surveillée avant de prendre la voie de l’exil vers les Etats-Unis, en 1988.

Le message était clair : ou bien l’on s’adaptait, ou bien il fallait payer un prix très élevé. Les victimes de ces coups de filet disparurent dans les goulags. Beaucoup y moururent et ceux qui survécurent en sortirent après des décennies.

Le P. Linus Wong, administrateur diocésain du diocèse de Jiangmen (Guangdong), passa 30 ans dans un camp de travaux forcés dans le Qinghai. Le P. Philippe Wang Ziyang, administrateur du diocèse de Yanggu (Shandong), mourut en prison le 31 janvier 1990, après plus de 36 ans de détention.

A suivre…