La remise en cause du “droit à l’avortement” aux Etats-Unis (1)

Source: FSSPX Actualités

Politico, journal spécialisé dans les informations sur la Maison Blanche, le Congrès des Etats-Unis et la politique gouvernementale américaine, a publié un projet de décision de la Cour suprême, qui remettrait en cause la jurisprudence actuelle sur l’avortement au pays de la bannière étoilée.

Cette publication a provoqué une vague de réactions qui dépasse largement les frontières des Etats-Unis. La nouvelle a été reprise par la presse internationale et commentée diversement, selon l’espoir ou au contraire l’indignation voire la rage, qui anime la plume de l’auteur.

De quelle manière cette remise en cause est-elle possible ? Quel est le cœur de cette décision qui secoue ainsi toute la société américaine, que l’on soit pour ou que l’on soit contre ?

Retour sur la genèse d’un arrêt célébrissime

Les faits

En 1970, Jane Roe, pseudonyme d’une certaine Norma McCorvey, née en 1947, est enceinte de son troisième enfant. Elle en a déjà abandonné deux. Vivant au Texas où l’avortement est interdit, elle porte plainte contre l’Etat du sud, représenté par son procureur, Henry Wade.

Déboutée, elle fait appel, et l’affaire finit par arriver devant la Cour suprême. Le 22 mai 1973, les juges de cette Cour prononcent le fameux arrêt Roe vs Wade, qui rend l’avortement légal sur tout le territoire des Etats-Unis, en annulant la loi du Texas contre ce crime.

Une conversion

En 1994, Norma McCorvey publie une autobiographie, L’affaire Jane Roe, avant sa conversion au protestantisme évangélique. Elle quitte son emploi dans une clinique d’avortement et fait campagne pour rendre l’avortement illégal. Elle exprime des remords pour son rôle dans la décision de 1973.

En 1998, elle se convertit au catholicisme et publie un second livre : « Vaincue par l’Amour ». Elle y explique que sa conversion a débuté avec la découverte de la vie de l’enfant dans le sein de sa mère.

En 2004, elle demande à la Cour suprême des Etats-Unis d’annuler Roe vs Wade. Elle participe à des manifestations anti-avortement et sera même arrêtée pour ce fait. Elle est décédée en 2017.

Le documentaire AKA Jane Roe

Diffusé le 22 mai 2020 – une date significative – ce documentaire présente un entretien avec Norma McCorvey, réalisé peu de temps avant sa mort. Elle y déclare qu’elle n’a été militante anti-avortement que pour des raisons financières.

Dans la polémique qui a suivi, de nombreux témoins, qui ont bien connu la protagoniste de cette affaire, ont sérieusement contesté ce témoignage, publié trois ans après sa mort.

L’arrêt et ses limites

La décision, qui a fait jurisprudence dans une majorité d’Etats américains où des lois similaires étaient en vigueur, stipule que « le droit au respect de la vie privée, présent dans le 14e amendement de la Constitution (…) est suffisamment vaste pour s’appliquer à la décision d’une femme de mettre fin ou non à sa grossesse ».

« Une loi du type de celle du Texas qui fait de l’avortement un crime, sauf quand la vie de la mère est en danger, sans tenir compte du stade de la grossesse ni des autres intérêts en jeu, viole le 14e amendement de la Constitution », selon la décision.

La jurisprudence fixe aussi le cadre légal de l’accès à l’avortement. Celui-ci est autorisé jusqu’au seuil de viabilité, soit environ de 22 à 24 semaines de grossesse.

Mais la Cour a cependant reconnu que le droit au respect de la vie privée n’était « pas absolu ». « A un certain stade, les intérêts de l’Etat et la protection de la santé, des critères médicaux et de la vie prénatale deviennent dominants », selon les neuf « sages ».

A suivre....