France : “visite fraternelle” du diocèse de Bayonne demandée par Rome

Source: FSSPX Actualités

Cathédrale de Bayonne

Le site du diocèse de Bayonne-Lescar-Oloron publie un communiqué signé de son évêque, Mgr Marc Aillet, annonçant une « visite fraternelle » dans le diocèse. Signé du 27 mai 2024, il précise que cette visite aura lieu début juin et début juillet.

Mgr Aillet explique que « suite à la “visite fraternelle” de nos deux séminaires par Mgr Jean-Marc Micas, évêque de Tarbes et Lourdes l’hiver dernier » le diocèse recevra à son tour une telle “visite fraternelle” ». Elle sera menée par Mgr Antoine Hérouard, archevêque de Dijon « qui rencontrera l’évêque, ses collaborateurs clercs et laïcs ainsi que ceux qui ont des responsabilités diocésaines ».

Dans le journal La Croix, Mgr Hérouard précise qu’il existe deux sortes de visites « la visite fraternelle et la visite apostolique ». La seconde vise un problème cerné ou ciblé, pour permettre de mettre en place des solutions ou des décisions par le Saint-Siège. Mais une visite « fraternelle fait suite à un certain nombre de courriers et de réclamations de fidèles, pour discerner leur bien-fondé ».

Et d’ajouter qu’une visite fraternelle « est bien moins contraignante qu’une visite apostolique ». Il faut d’ailleurs noter que c’est le même évêque de Dijon qui avait été missionné par Rome, en compagnie de Mgr Joël Mercier, secrétaire du Dicastère pour le clergé, pour accomplir la visite apostolique du diocèse de Fréjus-Toulon, dirigé par Mgr Dominique Rey.

Des hypothèses

Certains journaux commentent la nouvelle en parlant de « dérive sectaire », tel France Bleu, et affirment que « plusieurs croyants se plaignent d’une lecture trop stricte et rigoriste de la Bible » et des prises de position jugées arriérées…

Mgr Hérouard précise encore dans La Croix que le dossier de l’Alliance des cœurs unis – une association de fidèles que Mgr Aillet accompagne pastoralement – « figurera parmi les sujets examinés », mais il se refuse à dire s’il a fait partie des éléments ayant motivé la visite. Le visiteur se contentera de tâcher de « comprendre comment l’évêque s’est situé par rapport à cette question. »

En bref, cette Alliance a été dénoncée par un article de La Croix, d’octobre 2022. L’évêque a alors fait faire une enquête par un dominicain, qui, après un an d’investigation, n’a pas « constaté de faits négatifs ». Quant aux « signalements auprès de la cellule des dérives sectaires de l’épiscopat » que rapporte La Croix, l’affaire est close d’après Mgr Jean-Luc Brunin, responsable de la cellule.

Il reste qu’il faudrait faire une enquête sérieuse au point de vue théologique sur les prétendues « révélations » de la fondatrice et présidente d’honneur de l’association.

Une certitude : un évêque conservateur

L’évêque de Bayonne a plusieurs fois attaqué l’IVG et ses macabres statistiques. Il avait ainsi publié un tweet le 12 janvier 2016 montrant l’irrationnalité du gouvernement de prétendre d’une part « défendre les citoyens contre Daech » et de s’engager d’autre part « dans une campagne pro-IVG condamnant les innocents à la violence ».

Durement pris à partie jusqu’à la ministre de la Santé, il avait enfoncé le clou le 24 janvier : « Peut-on rester insensible devant ces 220 000 enfants à naître, littéralement broyés dans le sein de leur mère, chaque année en France ? »

En février 2021, interrogé par le magazine France catholique, au sujet d’un débat qui portait d’abord sur l’islam, le prélat français avait rappelé que « la loi de Dieu ne saurait être soumise à la République ». Et il ajoutait : « la loi de Dieu est inscrite dans la conscience de l’homme, elle ne se substitue par à la loi humaine, mais elle en constitue la mesure ultime ».

Le 29 décembre 2023, l’évêque de Bayonne a fait paraître une longue note sur la Déclaration Fiducia supplicans, introduisant une discussion théologique serrée sur le texte du Dicastère pour la doctrine de la foi (DDF). Il voit la « bénédiction » des couples irréguliers en contradiction avec la notion de sacramental. Il relève l’ambiguïté profonde du terme « couple », qui n’est pas théologique. 

Il note encore l’absence de tout jugement sur les relations homosexuelles, et l’oubli que la théologie morale enseigne qu’il y a des actes intrinsèquement mauvais – comme les relations homosexuelles – et enfin que l’on ne peut opposer pastorale et doctrine. Autant d’éléments qui montrent la misère théologique du document du DDF. Il conclut en rejetant le texte pour son diocèse.

Y aurait-il un quelconque lien entre cette position conservatrice et cette deuxième « visite fraternelle » imposée au diocèse de Mgr Aillet ?