France : quel mobilier liturgique pour Notre-Dame de Paris ?

Source: FSSPX Actualités

Un communiqué du diocèse de Paris publié le 3 janvier 2023 en la fête de sainte Geneviève, patronne de Paris, a dévoilé les noms des cinq candidats retenus – dont un binôme père-fils – pour présenter un projet du futur mobilier liturgique de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Les candidats présenteront leurs dossiers avant la fin du mois de mai 2023.

Après avoir reçu l’avis du Comité artistique, et dans le respect des attributions de la Commission Nationale du Patrimoine et de l’Architecture (CNPA), Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, annoncera le nom du lauréat à l’été 2023. La consultation porte sur les cinq éléments essentiels du futur mobilier liturgique de la cathédrale : l’autel, l’ambon, la cathèdre, le tabernacle et le baptistère, précise le communiqué.

« La capacité des œuvres proposées à évoquer le mystère de Dieu à travers la foi catholique, à servir pour les temps à venir la beauté de la vie liturgique de la cathédrale Notre-Dame de Paris, en respectant l’héritage pluriséculaire de la cathédrale, la sacralité et la vocation profonde de chaque objet, sera déterminante dans le choix de l’archevêque de Paris », est-il expliqué.

Les cinq candidats

Qui sont les candidats retenus et quels projets vont-ils proposer ? La présentation qui est donnée officiellement de leur formation et de leurs réalisations, permet de se faire une idée.

Née en 1976, Constance Guisset est une designer française. Après des études économiques et commerciales à l’ESSEC et à l’IEP Paris, puis une année au Parlement de Tokyo, elle est diplômée en 2007 de l’ENSCI - Les Ateliers, et fonde son studio.

Né en 1958 dans une famille d’artistes, Nicolas Alquin est un sculpteur qui développe son lexique artistique selon deux vecteurs principaux : le bois en taille directe ; la cire d’abeille taillée et modelée dans la masse, puis fondue en bronze. Né en 1989, son fils, Marc Alechinsky est architecte et designer de formation.

Né en 1971, Guillaume Bardet est un designer français. Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD) de Paris, où il obtient une résidence à la Villa Médicis à Rome et une bourse de l’Académie de France à Rome. Il réalise plusieurs grands projets, dont « La Fabrique du Présent, La Cène » au Couvent dominicain Sainte-Marie de La Tourette (Rhône), en 2017.

Né en 1957, Pascal Convert est un plasticien, écrivain et réalisateur français. En 1989, il est pensionnaire de la Villa Médicis. Il a travaillé sur le site des Bouddhas de Bâmiyân, ou encore en Arménie, sur la destruction d’œuvres archéologiques et artistiques majeures. En 2003, il réalise une œuvre en hommage aux fusillés du Mont Valérien (Hauts-de-Seine). En 2009, il conçoit les vitraux de l’église Saint-Gildas-des-Bois (Loire-Atlantique).

Laurent Grasso est un artiste français diplômé de l’Ecole nationale des Beaux-Arts de Paris et pensionnaire de la Villa Médicis en 2004. Son travail explore les notions de croyances et de rituels, puisant dans cet inframince (intervalle imperceptible) qui lie le monde terrestre à celui des mystères qu’il tente de saisir, afin de révéler et de matérialiser l’invisible qui nous entoure. Laurent Grasso fait actuellement l’objet d’une exposition monographique Anima au Collège des Bernardins, à Paris.

Mais en attendant les propositions de ces candidats, on sait déjà ce que le responsable ecclésiastique du nouvel aménagement intérieur de la cathédrale souhaite.

Associer les fidèles à la célébration, selon Vatican II

Après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le père Gilles Drouin a reçu en juin 2019 la mission de proposer un nouvel aménagement intérieur pour la cathédrale. Directeur de l’Institut supérieur de liturgie de l’Institut catholique de Paris et conseiller de l’archevêque de Paris, il insiste sur la présence d’un baptistère à l’entrée de la nef.

D’autant plus que les visiteurs, dorénavant, entreront dans le bâtiment par le portail central, découvrant l’axe de la grande nef. Pour lui, « l’idée est d’associer les fidèles à la célébration, conformément au concile Vatican II et à la démarche en cours d’une Eglise plus synodale ».

Interrogé par La Croix le 27 décembre 2022, il argumente : « La messe n’est pas une représentation théâtrale, avec les prêtres sur une scène et des spectateurs étrangers au mystère eucharistique. Il nous faut trouver comment honorer la dimension baptismale de tous, évêque, prêtres et fidèles, et articuler le chœur et la nef. »

On saura l’été prochain si cette « articulation » du chœur et de la nef ne débouchera pas sur une désarticulation architecturale et liturgique, sur le modèle d’une Eglise synodale… en chantier.