Bonnet d’âne pour la laïcité à la française

Source: FSSPX Actualités

Incendie criminel de l'église de l'Immaculée Conception à Saint-Omer, le 2 septembre 2024

Recevant en audience Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la conférence des évêques de France (CEF), le 18 décembre 2024, le pape François a confié à qu’il considérait la laïcité à la française « avec un peu de distance ».

Le jugement « gentiment critique » est éclairé par une récente enquête du Pew Research Center (PRC). Depuis presque vingt ans, ce centre évalue les restrictions en matière de religion dans divers Etats du monde.

Il use pour cela de deux critères : l’indice des restrictions gouvernementales (GRI) et celui de l’hostilité sociale (SHI) ou la façon dont le corps social réagit par rapport à une religion présente sur son territoire, ou par rapport à des positions éthiques émanant d’une religion, comme l’avortement, l’homosexualité, etc.

Les chiffres que vient de publier l’institut américain à la fin de l’année 2024 sont en fait l’aboutissement d’un long travail de synthèse qui offre un regard d’ensemble sur la période allant de 2018 à 2022.

En 2022, les résultats médians sur les deux indices sont de 3 sur 10 pour le GRI et de 1,6 sur 10 pout le SHI, en gardant à l’esprit que selon le PRC, l’indice jugé « modéré » du GRI se situe entre 2,4 et 4,4 sur 10, tandis qu’il se situe entre 1,5 et 3,5 dans le cas de l’hostilité sociale.

Deux enseignements ressortent de l’étude : d’un part, les contraintes gouvernementales en matière de religion semblent avoir atteint un pic ; d’autre part, le GRI en matière de religion et le SHI envers les groupes religieux vont de pair. Ces deux enseignements sont observés sur la période 2018-2022 dans les trois quarts des 198 Etats où l’enquête a pu être menée.

Ainsi, pour la Corée du Sud, la Nouvelle-Zélande ou les Etats-Unis, leurs deux indices sont à un niveau faible ou modéré, comme dans 60% des pays étudiés. A l’opposé, l’Afghanistan, l’Algérie l’Inde et la Chine révèlent deux indices dans le rouge, ce qui est le cas de 12% des pays étudiés et où il ne fait pas bon vivre en tant que croyant, et comme chrétien notamment.

Mais un chiffre attire l’attention du lecteur, surtout lorsqu’il vit dans l’Hexagone : il apparaît en effet que la France est au sein de l’Union européenne le pays dans lequel les restrictions religieuses et l’hostilité sociale sont à leur niveau le plus élevé : 6,0 pour le GRI et 5,9 pour le SHI.

Les nombreux actes anti-chrétiens recensés, l’hostilité envers les positions rappelées – souvent timidement – par l’Eglise de France en matière de droit à la vie ou relativement à l’idéologie du « genre », les contraintes qui pèsent sur l’école privée en matière de contenus scolaires, l’élargissement du « droit » à l’avortement et la perspective de la loi sur l’euthanasie troublent les convictions religieuses de nombreux personnels de santé.

Il serait facile de relativiser le constat en se disant que la situation est chez nous tout de même plus brillante qu’en Corée du Nord, mais les faits sont là. C’est dans ce contexte que peuvent se comprendre les critiques réitérées de François à l’endroit de la laïcité à la française, accusée de considérer la religion « comme une sous-culture et non comme une culture à part entière ».

Il faudrait encore rappeler les mots clairs du pape saint Pie X dans l’encyclique Vehementer Nos, égratignant une laïcité « contrariant l’ordre très sagement établi par Dieu dans le monde, ordre qui exige une harmonieuse concorde entre les deux sociétés (civile et religieuse) ».

Rien de nouveau sous le soleil : l’histoire de la tourmente révolutionnaire montre que la France des Lumières fut aussi voisine de la Terreur que la Roche Tarpéienne se trouve près du Capitole…